L’adolescence

L’adolescence est une période clé de la vie, et la plupart du temps elle ne va pas sans heurts.

Votre enfant, si gentil, se transforme soudain en une personne que vous ne reconnaissez pas. Il devient secret, se révolte, revendique, parfois avec beaucoup d’agressivité.

Vous vous demandez ce que vous avez fait, ou ce que vous n’avez pas fait, pour que la situation évolue de la sorte. Si cette période est surnommée “l’âge bête”, ce n’est sûrement pas un hasard.

Là où l’adolescent se réclame du fait qu’il est presque adulte, donc assez grand pour sortir, vivre ses premières amours, vous trouvez qu’il est encore bien jeune et qu’il n’a pas le recul suffisant pour éviter les pièges, nombreux, de la vie d’adulte.

Là où vous pensez qu’il est suffisamment grand pour se prendre en charge, ranger sa chambre, participer au ménage, effectuer certaines démarches, lui, au contraire, se comporte encore comme un enfant, qui attend que ce soit vous qui le fassiez, comme vous l’avez toujours fait.

Ce sont donc deux visions du monde complètement opposées qui s’affrontent, et forcément, créent des tensions. 

Pourtant, l’adolescence est une période extrêmement difficile à vivre. L’enfant voit son corps qui change, découvre de nouvelles sensations. Il perd la maîtrise sur lui-même, ne se reconnait plus dans ce visage qu’il voit dans le miroir.

Dans le même temps, on lui demande de devenir adulte, c’est-à-dire d’entrer dans un monde qu’il ne connait pas, et qui, la plupart du temps, l’effraie. Vous êtes-vous déjà demandé quelle vision du monde on peut avoir à l’adolescence ?

Mon expérience auprès de ce public m’a montré qu’ils ont une vision assez sombre. En effet ce qu’ils entendent ou voient à la télévision, à la radio ou sur internet n’est pas de nature à les rassurer. Attentats, catastrophes, chômage etc. font régulièrement partie des “informations” qu’ils reçoivent.

Comment voulez-vous qu’ils aient envie d’entrer dans ce monde là ? Le monde des adultes ne semble, pour eux, n’être qu’une suite de contraintes, alors qu’ils ne rêvent que de liberté. On leur demande de choisir un métier mais ils n’ont souvent aucune idée de ce que cela représente. Certes, ils font des stages, mais est-ce vraiment suffisant pour choisir l’activité dans laquelle on évoluera toute sa vie professionnelle ?

Ils n’ont même pas conscience de leurs qualités, de leurs goûts, de leurs forces. Il n’est pas difficile à comprendre que, cela étant, ils avancent “à reculons”. Il est bien plus rassurant pour eux de rester entre copains. Là, ils se sentent bien… Ils se reconnaissent dans leurs semblables et cela les sécurise. Ils ne vous racontent plus rien de ce qu’ils font, forcément, vous êtes adultes, vous ne pourriez pas comprendre. 

Cependant, et c’est là tout le paradoxe de cet âge particulier, dans le même temps, ils aspirent à devenir autonomes. Ils ont besoin d’explorer, de tester, de se prouver qu’ils sont capables. C’est souvent un âge où ils vont expérimenter le plus de choses possibles (dont hélas certaines très nuisibles pour eux). Ils vont chercher leur voie, se lancer à fond dans quelque chose, puis, aussi soudainement, tout laisser tomber, sans raison apparente.

Avec leur famille, ils seront souvent, tour à tour, ange ou démon. Ils seront capables de faire des choses si gentilles qu’elles feront fondre le cœur de leur proche, puis pourront, un moment plus tard, pousser la provocation à l’extrême. 

Je compare souvent l’adolescence à une chrysalide. Une chenille vient au monde et vit sa vie de chenille, mange des feuilles, évolue sur sa petite branche. Puis, un jour, sans qu’elle sache pourquoi, la chenille a besoin de s’enfermer, de se faire un cocon, et plus personne ne sait comment c’est à l’intérieur…

Cette métamorphose dure quelque temps et enfin, un magnifique papillon en sort. C’est un autre animal, qui va vivre une autre vie. Il va pouvoir voler de fleur en fleur et explorer le monde d’en haut, ce qu’il n’aurait jamais pu faire s’il était resté chenille. Pourtant, juste avant de sortir de sa chrysalide, le papillon doit être extrêmement serré dans son cocon… Il doit avoir mal partout….

Ainsi en est-il de l’adolescence. L’adolescent est en pleine transformation, et souvent, il se sent à l’étroit, il a mal, mais le cocon qu’il s’est fait est si solide que personne ne peut lui venir en aide (du moins c’est ce qu’il pense). 

Quelles que soient ses attitudes, provocation, isolement, agressivité, il est important de ne pas couper le contact avec l’adolescent. En effet, c’est peut-être une période, même si c’est la dernière chose qu’il admettra, où il a encore plus besoin que d’habitude de l’amour de ses proches. La provocation est d’ailleurs souvent une manière de tester jusqu’où on va lui pardonner, donc jusqu’où on l’aime.

Il ne s’agit bien sûr pas de tout accepter. Il a besoin de limites, et souvent il les cherche. Mais il a besoin également d’être rassuré, de savoir que, dans sa transformation, il est soutenu, compris. Et un jour prochain vous vous apercevrez que votre enfant-chenille est devenu un magnifique adulte-papillon.